top of page

Comment devenir un manager coach ?


  • Publié le 29 juillet 2020


Je vais être franc avec vous, quand ce terme de manager-coach est apparu il y a quelques années, j’ai un petit peu sauté au plafond. À l’époque, j’étais le manager d’une équipe de plus de cent personnes et j’avais le sentiment de bien faire mon travail et voilà que, patatra, j’allais avoir une mission en plus : coach. L’expression me contrariait car manager est un métier, coach en est un autre… je connaissais déjà le coach de manager, mais le manager coach en entreprise, non. Sans le savoir à l’époque, j’appliquais des méthodes de management qui allaient me servir des années plus tard à « théoriser » le management par la bienveillance et, pendant des années, j’ai oublié ce concept qui me semblait fumeux, ni plus ni moins qu’un nouveau concept qui n’apportait pas grand-chose. Les années ont passé, j’ai quitté le monde de l’entreprise pour me consacrer à l’écriture et aux conférences sur le management, le bien-être au travail, la bienveillance en entreprise, la lutte contre le sexisme en entreprise et, forcément, j’ai de nouveau pensé à ce concept de manager coach que j’avais à l’époque balayé d’un revers de la main. J’ai lu des articles à ce sujet, et il y en a beaucoup, des tribunes, regardé les formations et, vous savez quoi ? Je suis tombé de ma chaise. Sans le savoir, pendant les 20 années que j’ai passées en tant que manager, j’étais un manager coach !!! Et c’est pour cette raison que je me suis, enfin, décidé à écrire un article à ce sujet. Pas pour mettre mon grain de sel dans un débat qui n’en est pas vraiment un, mais plutôt pour tenter une synthèse sur un concept qui, comme le management par la bienveillance, peut parfois paraître vague. 1-   Le manager coach a état d’esprit particulier Trop de managers n’ont qu’une seule chose en tête : l’atteinte de leurs objectifs. Certes, les objectifs, c’est important, mais le manager coach a en permanence en tête que sans son équipe, rien n’est envisageable. Ainsi, la première préoccupation de ce type de manager, c’est de faire en sorte que son équipe puisse acquérir l’ensemble des compétences nécessaires pour, individuellement, atteindre ses objectifs. Un manager coach a compris que ses objectifs ne sont que la somme des objectifs de chaque personne dans son équipe. Ainsi, chaque personne, quel que soit son niveau hiérarchique, est essentielle. Il n’y a pas de petit collaborateur ou collaboratrice, aucune personne n’est moins importante que l’autre. Je ne dis pas qu’un manager coach doit oublier totalement ses propres objectifs, mais, dans un premier temps, oublier des phrases que vous avez peut-être prononcées ou entendues comme : ·     « Dites, l’équipe, vous vous rendez-compte que si vous bossez pas mieux je vais pas faire mes objectifs ? » Ou ·     « Ce n’est pas mon problème ce que vous me racontez, je suis le boss et, croyez-moi, j’ai des problèmes autrement plus importants et urgents à gérer » Car si aucune personne de son équipe n’est plus importante qu’une autre, cela le concerne également. Le manager coach est humble et il sait ce qu’il doit à son équipe : TOUT. En fait, la différence entre un manager «ancienne école » et un manager coach, c’est que le premier met souvent son égo au-dessus de tout tandis que le second le met en retrait. 2-   Le manager coach est à l’écoute permanente de son équipe Pour être à l’écoute, le manager coach doit être disponible. Quand je prenais un nouveau poste, je demandais dès le premier jour à mon assistant(e) de bloquer trois demi-journées par semaine pendant lesquelles je ne devais avoir aucune réunion autre qu’avec des membres de mon équipe. Le métier d’un manager n’est pas de passer sa vie en réunion à l’extérieur ou avec d’autres services de l’entreprise. Sa première priorité, c’est d’être présent pour SON équipe. Sa porte doit toujours être ouverte et sa priorité absolue en termes de planning doit toujours être son équipe. Je rencontre beaucoup de personnes, managers ou managés, qui se plaignent de ne jamais pouvoir voir leur manager parce qu’il ou elle passe sa vie en réunion. Un manager coach doit dire à son équipe à quels moments dans la semaine, de façon fixe, il ou elle sera totalement à leur disposition et ce, dès le jour 1. "Il faut toujours faire ce que l’on ne croit pas pouvoir faire." Eleanor Roosevelt 3-   Le manager coach donne le droit à l’erreur Personne n’est parfait, cela se saurait. Par contre, l’un des intérêts de notre vie, à mon sens, c’est que nous pouvons progresser. Avant de savoir marcher, nous étions à quatre pattes, non ? Et bien en entreprise, il en va de même. Un manager coach doit expliquer à chaque membre de son équipe que ce qu’il attend, ce n’est pas la perfection, qu’il sait bien que des erreurs seront faîtes… ce qu’il attend, c’est que chaque membre de son équipe, chaque jour, puisse progresser dans la réalisation de ses tâches ; et si ce n’est pas le cas, le manager coach doit accompagner la personne pour que cela le devienne. Un jour, un DRH m’a dit une phrase qui sur le coup m’a étonné, mais qui, avec le temps a pris tout son sens : il n’existe pas de mauvais collaborateurs, mais uniquement de mauvais recrutement ou de mauvais managers. Et c’est vrai. Si un collaborateur n’atteint jamais ses objectifs, le manager de la vieille école va vouloir s’en séparer alors que le manager coach va avant toute chose essayer de comprendre avec le dit collaborateur pourquoi il n’atteint pas ses objectifs. Peut-être qu’un accompagnement personnalisé pourrait l’aider, ou une formation. Et si cela ne fonctionne pas, peut-être qu’il n’est pas fait pour ce job, mais sera génial dans un autre. Un manager coach n’évalue pas les membres de son équipe uniquement au travers de leurs performances à court terme, mais également à l’aune de ce qu’ils peuvent devenir. 4-   Le manager coach met l’humain au-dessus de tout Ne pas atteindre un objectif commercial, ce n’est pas la fin du monde et, pour la plupart d’entre nous, nous ne sauvons pas de vie au quotidien. Le manager coach, c’est comme le conducteur d’une voiture, son équipe ses passagers : il donne la direction et essaye autant que faire se peut d’amener tout le monde à destination sans s’être pris un platane dans la carrosserie sur la route. Maintenant, imaginez-vous monter dans une voiture et que le chauffeur, après avoir bloqué les portières, vous annonce : « bon, je n’ai pas mon permis de conduire, mais ne t’inquiète pas, je conduis tellement vite que tu n’auras pas le temps d’avoir peur ». Le manager coach ne veut pas aller plus vite que la musique, il veut que toute son équipe se sente à l’aise et en sécurité, avec leurs qualités… et leurs défauts. Si certains membre de l’équipe ont peur de la vitesse, il est fondamental de ralentir. Comme aimait à le répéter la grande philosophe qu’étais ma Grand-Mère, « la force d’une chaîne se reconnait toujours à la force de son maillon le plus faible ». 5-   Le manager coach protège son équipe À l’époque où je travaillais chez TF1, l’un de mes boss m’a assez bien résumé ce qu’étais un manager : un manager doit savoir faire briller son équipe, la mettre en valeur quand il y a des succès, et assumer l’ensemble de ses erreurs et de ses échecs. Pour que tout le monde dans l’équipe se sente libre d’être créatif, critique, défaillant par moment, le manager coach doit établir une relation de confiance à toute épreuve. Comme je l’écrivais il y a quelque mois dans cet article, le manager doit agir comme un parapluie protégeant son équipe de la pression, d’où qu’elle vienne. Être un bon coach, c’est d’être apaisant, pas stressant. Chaque niveau hiérarchique peut subir une pression de la part de son supérieur. Imaginez une entreprise avec 10 niveaux hiérarchique et que le ou la dirigeante mette une gros coup de pression à son n-1 (un manager sous sa responsabilité) et que celui-ci fasse de même avec son propre n-1, qui lui-même va faire de même… et bien tout en bas de la hiérarchie, le salarié n’aura pas la pression de son supérieur hiérarchique sur les épaules, mais bien celle des 10 managers au-dessus de lui… difficile de rester zen. Un manager coach qui aurait un coup de pression de la part de sa propre hiérarchie saura passer des messages sans pour autant être anxiogène. Un exemple ? Une directrice commerciale reçoit un coup de fil très, très énervé de la part de sa hiérarchie car il y a un retard sur les objectifs. ·     Le manager ancienne école dira « bon, les gars, je viens de me faire engueuler par la direction et, ça, c’est à cause de vos mauvaises performances. Alors vous allez vous bouger et me rattraper ce retard si vous voulez pas que des têtes tombent ». ·     Le manager coach, lui, dira « bon, nous sommes en retard sur les objectifs. Nous allons réfléchir ensemble pourquoi nous en sommes là et si nous pouvons améliorer la situation. » 6-   Le manager coach aime son équipe Oui, je sais bien ce que certains vont se dire en lisant cela « oulaaaaaa, ça y est, Chatelain-Berry est un Bisounours, on en a la preuve ». Aimer son équipe, cela ne veut pas dire tout passer à son équipe, cela ne veut pas dire les trouver géniaux en toutes choses. Je sais que cette comparaison n’est pas parfaite en tous points, mais, là, elle s’impose. Nous aimons nos enfants, non ? Et pour autant, admettons que parfois ils nous tapent sur les nerfs, que parfois ils nous déçoivent… mais à chaque fois que cela se produit, nous ne sortons pas la machine à baffe, nous parlons avec eux pour qu’ils comprennent comment ils peuvent progresser. Un manager coach, c’est exactement comme un parent. Il doit parfois dire des choses difficiles, tout en restant bienveillant. Donc, oui, je l’affirme, un manager coach doit aimer son équipe, toute son équipe. Un manager va passer en moyenne 80% de son temps avec 20% de son équipe. Un manager coach n’a pas de chouchous et, s’il en a, il ne doit en aucun cas le montrer. Conclusion Comme quoi… il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis. Je trouve ce concept de manager coach extrêmement intéressant tant il complète celui de manager bienveillant. Forcément, il faudrait que je réponde à la question suivante : un manager bienveillant n’est-il pas forcément un manager coach. Et bien, tout est dans le « forcément ». J’aurais tendance à répondre à cette question en disant « malheureusement, non. Il est possible d’être bienveillant, mais de ne pas avoir suffisamment d’intelligence émotionnelle pour être un bon coach ». Je crois que si je devais résumer, un manager bienveillant gère l’instant, le manager coach prépare l’avenir. Qu’en pensez-vous ? Gaël Chatelain-Berry

CONFÉRENCIER- ÉCRIVAIN- CHRONIQUEUR

Posts récents

Voir tout

Bilan de compétences : le MBTI

« Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. » Bouddha Comme le laisse entendre cette citation de Bouddha, a

bottom of page